Par Jean Cubaynes
Tout commence avec Amédée CAYLA fils du directeur de la poste aux lettres de Caylus. Il vint s’établir à Lalbenque en 1830 où il pratiqua le métier de « marchand chaudronnier ». En 1832, Amédée épouse Désirée BORIES fille d’un gendarme en poste à Lalbenque native de Montcuq. De cette union naîtront à Lalbenque sept enfants dont Firmin né en 1845. A cette époque, Amédée réside à Cahors « promenade Fènelon », il est « piqueur » aux Ponts et Chaussées. Amédée décédera en 1863 dans le Gard, veuf de Désirée BORIES morte à Cahors en 1859.
Firmin CAYLA, petit fils de gendarme, est appelé au service militaire en 1866. De simple soldat dans l’infanterie, il gravit les échelons pour terminer capitaine en 1884 dans le 65° régiment d’infanterie de ligne en garnison à Nantes. En 1890, il recevra la croix de Chevalier Légion d’Honneur pour le service rendu à la Nation. Sur sa fiche matricule on relève sa participation à la guerre contre l’Allemagne de 1870 et 1871 pendant laquelle il fut blessé au pied dans une « sortie de la place de Verdun ».
Notre lieutenant lalbenquois en garnison à Nantes épousa en 1879 Marie DUPONT, fille d’un propriétaire d’Ancenis, petite ville proche de Nantes. C’est dans cette localité que naîtront les trois enfants du couple CAYLA dont deux garçons: Pierre Amédée Firmin en 1880 et Amédée en 1884. Firmin décédera veuf à Nantes en 1911 âgé de 66 ans.
Pierre à l’instar de son père, aura une brillante carrière dans l’armée dont voici quelques détails.
Il entre à l’école Navale en 1898 et en sort en 1901 avec le grade d’aspirant. Comme tous les marins, CAYLA navigue sur toutes les mers du monde à bord de vaisseaux de guerre: en extrême orient, au Sénégal en Algérie…
Lieutenant de vaisseau, Pierre CAYLA est très attiré par la toute nouvelle aviation. Ainsi, il obtient en 1911 le brevet de pilote-aviateur de l’aéro-club de France N° 458 puis la même année le brevet militaire avec le N°17, il est donc le dix-septième aviateur militaire breveté de France. Après avoir dirigé le Centre d’Aviation de Buc, Cayla pilote téméraire et confirmé est chargé d’une mission dans un tout nouveau domaine, celui des hydravions. Il participa aux premiers essais d’aviation embarquée à bord de la « Foudre » en juin 1912 aux commandes d’un hydravion le « Canard Voisin ».
Voici quelques articles du journal « Ouest-France » relatant les expériences aéro-navales de la Marine.
19/07/1912
« Toulon : L’armée navale évolue maintenant autour de la côte ouest de la Corse. Les escadres Boué de Lapeyrère et Auvert poursuivent l’escadre Bellue pour l’empêcher de réussir un débarquement en Corse. »
L' »Edgard Quinet » ayant à bord le ministre de la marine, est allé devant Ajaccio. Les expériences d’aviation maritime, qui devaient être effectuées avec le croiseur « Foudre », ont été interrompues, la grosse houle et un vent d’est assez vif ayant empêché en rade de Saint Raphaël la mise à l’eau de l’hydro-aéroplane piloté par le lieutenant de vaisseau Cayla.
19/01/1913
« L’Aviateur est recueille par les chaloupes de la « Foudre »
Toulon le 18 janvier.
Ce matin à neuf heures, l’hydroplane du croiseur « Foudre », piloté par le lieutenant Cayla, participait à des expériences combinées avec les sous-marins, lorsque, après cinq minutes de vol, il capota
dans la rade des Vignettes. L’aviateur, qui était indemne, a été recueilli aussitôt par des chaloupes du croiseur « Foudre »… L’appareil qui a subi des avaries a été remorqué à bord. »
26/09/1913
« Le croiseur « Foudre » est arrivé en rade de Saint Raphaël, venant de Marseille où il était allé se livrer à des expériences d’aviation avec deux hydravions. Le biplan piloté par le lieutenant de vaisseau Cayla, et le monoplan piloté par l’enseigne de vaisseau Delage, ont précédé le croiseur d’une heure environ, et sont immédiatement entrés au centre d’aviation maritime. »
LES DEBUTS DE L’AVIATION MARITIME (1910/1918)
Robert Feuilloy: Premiers pilotes
« Le 28 mars 1910, un hydroaéroplane vole, pour la première fois au monde, aux mains de son inventeur, Henri Fabre. En début d’année, sept officiers de marine sont envoyés au cours de pilotage dans des écoles civiles. Il s’agit des LV Byasson et Hautefeuille et des EV Lafon, Devé, Delage, Conneau et Cayla. Ces sept officiers sont brevetés par l’Aéroclub de France entre août 1910 et mars 1911. La Marine passe commande d’un biplan Maurice Farman à roues le 12 septembre. Celui-ci, propulsé par un Renault 50 hp, est livré le 26 décembre 1910. Il est confié personnellement au LV Byasson et il est mis en œuvre sur le terrain de Buc.
Toutefois, le centre de Fréjus – Saint-Raphaël n’étant pas encore prêt à fonctionner, une base temporaire est installée près de Montpellier, Le MF1 est le seul à voler de juillet à octobre, date à laquelle il rallie Fréjus, Le Voisin est embarqué en juin sur la Foudre et vole aux mains du LV Cayla mais il est détruit le 2 août.
Les deux premiers hydravions Nieuport ,immatriculés N1 et N2, sont réceptionnés par la Marine les 2 et 15.
janvier 1913. Mais le Voisin V2 est détruit par le LV Cayla le 20 janvier 1913, en rade des Vignettes »
Par la suite, transféré en 1914 dans l’armée de l’air, Cayla commande l’Ecole d’aviation militaire de Chartres en 1915 puis le Groupe de bombardement n° 1 en 1916. Revenant au ministère de la Marine, il s’occupe au STIA des développements techniques des appareils jusqu’en mars 1919. Placé hors cadre de la Marine en juillet 1920, il devient directeur technique du constructeur Gabriel Voisin.
Cayla reçut la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur en 1912 et en 1915 celle d’Officier ainsi que le Croix de guerre avec citation à l’ordre de l’armée navale. Après la Guerre, il siégea dans les organes d’expertise de l’aéronavale, et mourut à Paris dans le 16° arrondissement en 1930 avec le grade de capitaine de Frégate, il n’avait que 50 ans.
CAYLA Amédée
Né à Ancenis en 1884, fils de Firmin et de Marie DUPONT. frère cadet de Pierre, il est étudiant à la Flèche lors du conseil de révision. Incorporé en 1905 dans le 3° régiment de dragons, il est promu brigadier en 1906, et la même année mis en disponibilité. Nous le retrouvons à Tunis en 1907 où il est domicilié à l’Ecole d’Agriculture. En 1908 il est promu maréchal des logis de réserve. Il est ensuite nommé percepteur et receveur de l’enregistrement à Tébourba en Tunisie en 1912. Il se marie à Tunis la même année. Affecté pour la durée de la guerre aux chasseurs d’Afrique, il sera promu sous-Lieutenant en 1916, et lieutenant en 1917.
Mort pour la France en 1918 en Serbie des « suites de maladie imputable au service » dans la ville de Sémendria. Comme son père et son frère, Amédée aura mené une brillante carrière autant militaire que civile.